Deuxième partie - Les formes traditionnelles des rites de passage de la jeune fille à la femme en Afrique

 

 

 

 

Tout d’abord, il faut noter que pour nombre d’ethnologues et d’auteurs africains, les rites de passage, et par conséquent la tradition, sont indéniablement liés à la religion et diffèrent selon la famille, le lignage, le groupe ethnique, et autres sociétés humaines. D’ailleurs, comme l’a très justement souligné le professeur SOW Ibrahim dans son ouvrage : Les structures anthropologiques de la folie en Afrique Noire, « essayer de comprendre l’Africain et l’Afrique sans l’apport des religions traditionnelles, serait ouvrir une gigantesque armoire, vidée de son contenu le plus précieux ».

Ainsi, il est tout à fait légitime de croire que, même si selon Van Gennep, les rites de passage sont fondamentalement les mêmes d’une société à une autre (Naissance, initiation, mariage, mort), leur pratique s’adapte tout autant d’une religion à une autre, et d’une culture à une autre.
Parmi les différentes étapes de la vie, que Van Gennep a nommé « rites de passage », celui qui se place au centre de notre étude, est celui de l’initiation, du passage de « l’âge profane » à « l’âge sacré », qui achève de démontrer que notre statut et notre place dans le monde ne sont jamais définitifs.
Selon Amadou Hâmpaté Bâ, « l’initiation est une cérémonie privée, qui se déroule dans un lieu déterminé, où le récipiendaire, [celui qui est destiné à recevoir une formation] est progressivement admis à la connaissance de certains mystères qui sont l’apanage [les caractéristiques] d’une association sociale ou spirituelle à caractère plus ou moins religieux. »
On parle souvent de l’initiation masculine dans nombre de sociétés traditionnelles africaines (Comme la circoncision dans certaines ethnies d’Afrique de l’Ouest et centrale entre autres…).
Mais si le rite initiatique participe à la formation de l’être humain en tant que membre à part entière de la société, quoi de plus naturel que d’aborder l’initiation traditionnelle, chez les femmes africaines ?
C’est ce à quoi, dans notre étude, nous avons tenté d’aspirer, et ceci, malgré les nombreux obstacles qui se sont présentés à nous. Cependant, cela constituait pour les élèves et futures étudiantes que nous sommes, une sorte de défi que d’aller chercher l’information au plus loin de son retranchement, et ceci non sans difficulté ; une difficulté qui ne s’est faite que grandissante du fait de notre amateurisme.
En effet, le rite de puberté chez la femme est réellement « entouré d’ombre ». Les sociétés que forment les femmes d’un même groupe, sont qualifiées d’ésotériques [hermétiques]. Les initiées, seules détentrices de la connaissance des mystères liés au déroulement du rite qu’elles ont déjà subi, sont tenues par le secret…un secret qui ne doit en aucun cas être connu des profanes. Selon les mythes et les contes, en portant atteinte à la volonté collective de préserver les éléments que l’on lui a transmis, la femme qui dévoilerait le secret, serait alors maudite par ses Ancêtres.
Cependant, certains ethnologues, anthropologues, étudiants ou passionnés de culture africaine ont pu recueillir les informations que nous exploitons dans le cadre de notre étude.
Ainsi donc, nous avons choisi d’aborder ce que nous avons appelé précédemment « rites de passage de la jeune fille à la femme », et ce, dans trois ethnies différentes, appartenant à trois pays de situations géographiques plus ou moins éloignées, renforçant de cette manière la notion de diversité culturelle.

 


Nous avons donc entrepris de voyager vers le Nord-Ouest de l’Afrique (en Mauritanie), vers l’Ouest (au Togo), ainsi que vers l'Afrique centrale (au Gabon) ;
trois pays que nous avons jugé d’autant plus emblématiques, puisque nous en sommes toutes trois respectivement originaires...