L'Akpema
L’Akpema, comme la plupart des pratiques rituelles africaines, est un rite initiatique qui a connu de nombreuses transformations. Comme nous vous l’avons montré, le rite reposait initialement sur la virginité de la jeune "Akpenou". C’est d’ailleurs la cérémonie liée à cet élément qui était le point culminant et le plus significatif du rite. Or, aujourd’hui, les valeurs ne sont plus les mêmes et l’éducation des jeunes filles Kabiyès n’est sans doute plus aussi stricte puisque leur virginité n’est plus perçue comme une vertu réellement indispensable ; et par-dessus tout, la non-virginité n'est plus autant sinonyme de disgrâce pour la jeune Kabiyè et pour sa famille. D’ailleurs, ce phénomène est observable dans toutes les sociétés, où l’on observe de plus en plus de grossesses prématurées chez les jeunes filles, et où les relations sexuelles se font de plus en plus tôt. L’Akpema ne peut donc plus servir convenablement l’un de ses objectifs principaux qui était la préservation de la dignité de la jeune fille et la prévention des grossesses prématurées.
De plus, les rituels de transition que sont les rites initiatiques sont « revus à la baisse » en ce sens que les cérémonies traditionnellement effectuées se sont modifiées dans leur mise en œuvre (elles sont raccourcies, facilitées, moins sévères...) et leur aspect mystérieux, qui leur donnait toute leur importance et faisait d’eux un événement attendu avec impatience (ou avec anxiété), a disparu, puisque les jeunes filles savent aujourd’hui, pour la plupart des rituels, les épreuves qui les attendent.
Pour exemple de modification, et dans le cadre spécifique de l’Akpema, certaines familles devenues religieuses, considèrent les pratiques ancestrales comme étant mystérieuses et mystiques. C’est notamment le cas de la particularité intrigante de la pierre sacrée dans l’Akpema. Les parents Kabiyès ne veulent plus aujourd’hui pour leurs jeunes adolescentes de prendre part à ces rituels qui vont à l’encontre des pratiques religieuses. Ils sont alors effectués différemment, dans le cadre des églises, et c’est ce que nous explique monsieur BAKOU TCHAKOU, le fonctionnaire des Nations Unies d’origine Kabiyè que nous avons entreprit de rencontrer.
(Vidéo Bakou Tchakou)