La préparation au rôle de Femme

 

    Nous l’avons montré, les rites de passage de la jeune fille à la femme sont des cérémonies rituelles, à l’issue desquelles elles acquièrent un statut nouveau et une nouvelle position sociale. Cependant, il est important de signifier qu’il est précédé par de longues périodes d’apprentissage et de formation. Il ne peut être effectué sans que la jeune fille connaisse et réalise au préalable les attentes que la société aura d’elle lorsqu’elle aura acquit son statut de femme à part entière. L’importance de cette préparation est d’autant plus marquée que la jeune fille continue d’être formée, même une fois le rite entamé.
    Ainsi, lors de son adolescence, la jeune Akpenou, dans le cadre de l’Akpema pratiqué en pays Kabiyè, au Togo, est préparée et formée en vue de remplir correctement toutes ses fonctions de femme. Ses tantes ou autres parentes lui inculquent comment elle devra se comporter au sein de son futur foyer, lui donnant des conseils qu’elle se doit d’écouter attentivement, car son avenir en dépend. Ses discussions peuvent parfois durer de longues heures.
Et c’est aussi le cas dans le cadre du Wonde Debbo : deux jours avant la nuit de l’initiation, la mère et les tantes de la jeune fille s’entretiennent avec elle, dans le but, une nouvelle fois, de la conseiller et de la préparer à la lourde responsabilité de son futur rôle de femme. De plus, durant la première phase du rite : « Hoolaaré », soit la phase dénommée « confiance », l’on enseigne à la jeune fille les notions de méfiance, de prudence, ainsi que d’autonomie. Car en effet, elle sera amenée à faire face à des situations où toutes ses vertus lui seront indispensables. Et c’est également pour la même cause que la jeune Akpenou, au Togo, est enfermée le temps d’une nuit. Elle mesure ainsi l’importance de son futur rôle de femme, qui la conduira à être seule devant des situations laborieuses.
De plus, dans la troisième phase du Wonde Debbo, Mbamtoudé, des valeurs telles que la fidélité, indispensable à toute femme digne de ce nom, lui sont enseignées de manière très stricte.
    Le Ndjembe lui aussi, revêt une importance non seulement sur le plan social, mais également sur le plan psychologique. La candidate à l’initiation, tout comme dans le cadre des deux rites susmentionnés, est préparée et formée de la même manière et pour atteindre les mêmes objectifs.
 

 

    Ainsi, il est important pour la jeune fille ainsi que pour son entourage, que sa formation soit de la plus grande justesse possible, et qu’elle s’adapte aux attentes que la société traditionnelle a des femmes en général, dont la place reste primordiale. On cherche à lui montrer qu’elle est le pivot de la société. Et c’est en ce sens qu’il est important de sculpter sa pensée et son caractère. Le modelage de la personnalité de la femme est alors un second objectif de la mise en œuvre des rites de passage.