La transformation de la personnalité de la jeune fille...

En celle d'une réelle "Femme Africaine"

 

 

     
    Le "modelage" de la personnalité de la femme est un objectif supplémentaire des rites de passage.
    Le Ndjembe, notamment, participe réellement à ce phénomène. Ce rite initiatique permet non seulement de préparer la jeune fille à son rôle prochain de femme, comme nous vous l’avons exposé, mais aussi de lui faire acquérir une identité propre à elle, et qui s’adapte aux attentes que l’on a ou aura d’elle. Lors de ce cheminement initiatique, on constate que chaque étape est en rapport avec certains principes constitutifs de la personnalité de la femme. C’est une progression ascendante que vit l’initiée, transformation qui la conduit vers la découverte du monde qui l’entoure, ainsi que d’elle-même. A la fin du rite, étant devenue femme accomplie, il est important que l’ancienne candidate au Ndjembe assure pleinement son rôle de femme, car elle devient Mère de la communauté entière. Il est donc primordial, durant sa jeunesse, de « formater » et de modeler sa personnalité, afin qu’elle soit assez forte pour être une référence pour ses enfants et pour les membres de sa famille, ainsi qu’un pilier pour la communauté. 
Par ailleurs, c’est pour prévenir la jeune fille de ces obligations, que la troisième phase (Mbamtoudé, « stabilité ») du rite initiatique mauritanien, le Wonde Debbo est organisée. L’on veut montrer à la jeune fille qu’elle doit être suffisamment forte et courageuse pour constituer plus tard le pivot de la famille et de la communauté, en lui faisant apprendre par cœur tout ce qu’il est important pour elle de savoir. Sa personnalité est de cette manière réellement sculptée, car on lui fait intégrer des valeurs et des obligations qui n’émanent pas de sa propre pensée et de sa propre volonté.
    Dans le cadre de l’Akpema, les femmes déjà initiées cherchent également à forger la personnalité de la jeune fille appelée à devenir femme, et ce dès son adolescence, période durant laquelle elles discutent longuement avec l’initiée, lui indiquant comment elle doit penser et se comporter. On lui signifie même que si elle ne suit pas cet ensemble de règles, elle deviendra une femme seule et indésirable. Elle aussi, comme toute jeune fille gabonaise ou mauritanienne subissant ces rites, est amenée à penser et à voir ce qui l’entoure d’une certaine manière et c’est en cela que nous pouvons parler d’un « modelage » de sa personnalité.
 

 

     Il faut noter que toute vertu et tout enseignement visant à ce « modelage », sont effectuées dans le seul but d’intégrer durablement la jeune fille dans une société. Elle peut ainsi, après avoir passé le rite avec succès, accéder à un nouveau statut hiérarchique au sein duquel elle peut siéger, et être prise en compte comme un membre à part entière.