Un art oratoire…

 

 

    Comme le disait madame Stéphanie Nkoghé dans sa thèse de doctorat (1998), « A chaque société son mode de transmission des connaissances. Sur ce point, les sociétés de la parole, sans écriture ou presque, se distinguent des sociétés de l’écriture soutenue par les nouveaux média ».
Ainsi, le contenu de la tradition orale africaine se caractérise par la grande diversité des manières de la transmettre. C’est alors quelques-unes d’entre elles que nous allons tâcher de vous exposer, afin de comprendre réellement de quelle manière les traditions d’Afrique ont effectué leur voyage, jusqu’aujourd’hui.

 
  •   le conte et la fable :
Le conte est l’élément le plus connu et le plus récurrent de la tradition orale. Il est généralement défini comme un récit d’aventures imaginaire à vocation didactique. Il est créé par et pour le peuple: il naît et vit de la collaboration entre le peuple auditeur et le conteur respectueux de son idéologie, de sa culture. Il dépend étroitement de la culture et de la géographie physique du peuple qui l’a produit. Il est généralement dit aux jeunes par les anciens, à la tombée de la nuit et durant la saison sèche. Parmi les nombreuses explications sur le moment d’énonciation du conte, retenons celle-ci : «  la nuit est plus propice au rêve et à l’imagination créatrice, et l’esprit est plus libre après les travaux et les soucis diurnes ».
La fable ne diffère pas tellement du conte. C’est un récit plus ou moins court, imaginaire ou mythologique, destiné à illustrer un précepte.

 

 

un conteur africain.

 

 

  •  le mythe :
Le mythe est une longue narration qui est l’objet de la solide croyance qui l’a produit, mais encore, un récit fabuleux qui tente d’expliquer la fondation des principes et des valeurs d’une société. Il repose sur deux questions primordiales et universelles, « qui a créé le monde ? » et « quelle est la place de l’Homme dans ce monde ? ».
En effet, à la différence du conte ou la barrière entre le réel et l’irréel est plus ou moins perceptible, le mythe, lui, est intimement lié au surnaturel. Dans l’Afrique traditionnelle il est considéré comme «  la parole sérieuse » de laquelle on n’ose pas douter. Il a longtemps été réservé à des auditoires choisis, tels que des cercles d’initiés…

 

 

  •  l’épopée et les généalogies :
L’épopée ou encore récit épique, relate les exploits de héros qui ont réellement existés et qui ont joué un rôle prépondérant dans l’histoire d’un peuple, d’une ethnie. Leurs aventures ont été embellies de façon à créer des modèles pleins d’enseignements (Samba Guéladio Diégui : épopée peul ; Soundiata Keita : épopée mandingue ; ou encore Chaka : épopée zoulou).
Les généalogies, elles, sont l’histoire détaillée d’une dynastie, d’un peuple.
Destinées à plaire, l’épopée et les généalogies sont souvent chantées par les griots ou dites au son d’un instrument de musique. Elles peuvent fournir des chiffres et des dates aux historiens, ainsi que des listes de noms datant de nombreuses années.

 

  •  les proverbes, devinettes et énigmes :

Les proverbes sont des vérités imagées auxquelles le conte sert le plus souvent d’illustration. Certains conteurs disent le proverbe (qui fonctionne comme une thèse) avant de la développer à l’aide du conte (qui contient les arguments et les exemples). Les proverbes sont souvent dits aux jeunes par les anciens, qui aiment de nos jours encore en orner leur discours car connotent l’éloquence et la sagesse.

Les devinettes et les énigmes sont des «jeux de cache-cache par la parole » auxquels se livrent grands-parents et petits-enfants.

 

  •  les chants :
Les chants occupent une place importante dans le répertoire de la littérature orale africaine. Certains les ont même défini comme étant  « la parure » du verbe. Ils interviennent à tous les moments de la vie, à l’occasion des cérémonies rituelles (moissons, circoncisions, mariages, naissances etc.).    
Décryptés, ils servent aujourd’hui aux ethnologues à situer les événements historiques ou sociaux dans un contexte donné.

 

    Les moyens, oraux, de la transmission des diverses et variées traditions d'Afrique sont ainsi nombreux. Cependant, nous avons cherché à savoir si, de nos jours, ces-derniers sont autant utilisés qu'à l'époque de leur apogée.


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