La tradition africaine, destinée à être transmise, représente le cœur de cette étude. Il est clair que les rites en Afrique, qui en font indéniablement partie, sont d’une très grande diversité et tout aussi riches en significations les uns que les autres. Ils marquent des étapes importantes dans le processus d’évolution de l’individu dans sa vie. Aussi, ces rites initiatiques lui permettent de s’affirmer et favorise son intégration au sein de la société à laquelle il appartient et parfois même son positionnement hiérarchique selon le succès rencontré.
C’est ainsi que les rites spécifiques auxquels les jeunes filles Africaines se voient soumises pour marquer leur passage à la vie adulte, et comme pour apposer un sceau à tout un processus préalable d’éducation, constituent bien souvent des occasions privilégiées de préservation des vertus et valeurs qui leur sont associées.
Cependant, force est de constater aujourd’hui que ces rites, pourtant fondés sur des principes faisant l’essence même de la culture, voire de l’identité Africaine, sont progressivement en train de perdre de leur consistance ancestrale. En effet, leur pratique se veut de moins en moins rigoureuse. Ils sont d’ailleurs souvent raccourcis, et leurs épreuves traditionnellement formatrices souvent facilitées. Finalement, sous le coup des évolutions de la Société Africaine, ils constituent aujourd’hui dans la plupart des cas, bien plus un symbolisme qu’un incontournable parcours d’initiation de la jeune fille qui se doit de l’amener à l’état de « femme accomplie » aux yeux de la société.
Le riche échantillon de trois rites que nous avons choisi d’étudier nous a en réalité montré que nombreux sont les facteurs qui sont à la genèse de ces évolutions, mais les effets de la modernité semblent se démarquer comme étant les plus impactants. Il est clair que certaines valeurs, telles que la préservation absolue de la virginité, s’essoufflent sous l’influence des évolutions de mentalités et d’une plus grande ouverture sur le monde qui a pour effet de réduire les clivages culturels. De fait, aussi enrichissant que puisse être ce brassage culturel sur bien des plans, il peut toutefois devenir un revers faisant perdre aux valeurs traditionnelles, une part plus ou moins importante de leur authenticité et de leur teneur dans la conscience collective. Ce faisant, les rites n’ont plus la même portée significative, et ne sont plus aujourd’hui ce qu’ils ont été jadis.
Ils connaissent une dégradation de leur valeur originelle, et certains sont même en passe d’être abandonnés, au risque de faire disparaître des mémoires une partie non négligeable de la culture africaine.
Cependant, il est important de noter que tous les rites initiatiques africains ne sont pas que pourvoyeurs de vertus. En réalité, on ne peut décemment pas ignorer que certains d'entre eux ont démontré leurs conséquences désastreuses et condamnables. C’est notamment le cas des excisions, mais aussi du gavage pratiqué en Mauritanie dont les méfais médicaux, moraux et psychologiques sont bien connus aujourd’hui.
Nous avons toutefois fait le choix délibéré, sans pour autant nier leur existence, de ne pas aborder ce pan des pratiques rituelles africain. En effet, notre objectif premier était de faire oublier à nos lecteurs, du moins le temps de l’appréciation de cette étude, les stéréotypes trop systématiquement affublés à l’Afrique, et s’attacher à leur faire découvrir les aspects les plus enrichissants de ses traditions et pour lesquels notre sentiment profond est qu’il serait utile de rechercher un compromis de préservation.
